La statue du roi mythique Bregoan, en contrebas de la Torre de Hercules à La Corogne |
Le Lebor Gabála Érenn, récit mythologique médiéval de la culture celte, conte le peuplement de l'Irlande par différentes peuplades d'origines humaines...ou non.
Le dernier peuple (le seul d'origine humaine) a avoir pris pied sur l'île, se trouve être la tribu des Míl Espáine, emmenée par les descendants de Breogán, ce roi mythique de Galice.
La légende veut que ce soit du haut de la tour d'Hercule, située près de la ville de La Corogne et érigée par Breogán, que son fils Ith, apercevant les côtes irlandaises, décida d'en entreprendre la conquête. Mais ce dernier mourût assassiné au cours de cette tentative, et ce sont ses descendants prendront sa suite. Les fils de mile, naviguant depuis la Galice, le vengeront et prendront possession de l'Irlande.
Ils sont, encore selon la légende, les ascendants directs des gaels et les fondateurs de la lignée des rois de Brega, installés sur les terres de l'actuel comté de Meath, comprenant la colline de Tara, qui deviendra le site du sacre des hauts rois d'Irlande.
|
Le blason de Fillos de Breogan, commémorant le 5ème anniversaire du club |
Ce prologue, sous forme de détour par la mythologie celtique, nous aide à mieux cerner les liens culturels ancestraux qui unissent la Galice à l'Irlande, permettant ainsi de comprendre l'origine même du nom du premier club de football gaélique fondé dans la communauté autonome en juillet 2010 à La Corogne, les Fillos de Breogán (les fils de Breogan).
"A la base, nous étions un peu un groupe de "geeks" avides de pratiquer un nouveau sport. Sans matériel et sans clubs alentours pour pratiquer, nous avons quasiment tout appris via youtube et internet" explique Alberto Mendez, co-fondateur du club de Fillos de Breogan et défenseur en sélection de Galice.
Les pionniers de l'implantation du sport roi irlandais ont depuis fait des petits, à tel point que les principales villes issues des quatre provinces de la communauté comptent désormais leur club (Ourense, Lugo, Santiago de Compostela, Vigo, Pontevedra, A Illa de Arousa, Estrada ou encore Oleiros).
Une ligue parfaitement strucutrée existe depuis 2013. Onze clubs masculins répartis en deux divisions et huits féminins disputaient la troisième édition l'an passé. C'est le club de Santiago de Compostela (capitale de la Galice) Estrela Vermelha FG qui a remporté tout les titres chez les hommes, tandis que les fillas de Breogan ont succédé en 2016 aux Irmandinhas de la ville d'Estrada dans la ligue féminine.
L'attaquant Mario Iglesias à l'occasion d'une exhibition de football gaélique à l'Estadio de Riazor (La Corogne) en mai 2016 |
La sélection galicienne a officiellement vue le jour le 20 juillet 2012 à l'occasion d'une rencontre amicale avec l'équipe de Bretagne dans le cadre du festival "da Terra e da Língua" disputée à Narón dans le nord de la communauté et dont les galiciens sont sortis vainqueurs 5-08/3-08 (23-18). Une recontre historique puisque, pour la première fois, deux séléctions non composées d'irlandais représentaient leurs pays dans une rencontre internationale.
Les deux formations se sont retrouvées à deux reprises depuis, notamment dans le cadre du festival interceltique de Lorient en 2013 pour la seule victoire bretonne 3-12/1-08 (21-11), et la dernière fois en 2015 pour un succès des galiciens 3-09/0-13 (18-13).
"L'équipe de Galice de football gaélique est la seule séléction nationale issue de la comunauté a être reconnue par une instance officielle est pour nous c'est une une immense fierté, c'est notre trésor!" avoue Pedro Villarino, autre membre fondateur du club de La Corogne et relai principal avec la presse galicienne.
Les séléctions masculines et féminines de Galice lors des derniers World Games de Dublin |
Lorsque la délégation s'est rendue en Irlande au mois d'aout 2016, le football gaélique n'était pas encore reconnu comme un sport officiel par la junte de Galice, ce fut chose faite quelques semaines plus tard.
A l'instar de la plupart des séléctions nationales présentes sur le campus de UCD l'été dernier, le Team Galicia a dû faire avec les moyens du bord pour boucler le budget, ne pouvant compter que sur les maigres subsides de la fédé galicienne et sur un petit contrat de sponsoring.
Même si la Galice est redescendue d'un cran au "ranking mondial" (après sa finale perdue contre l'Argentine en 2015 à Abu Dhabi) et a échoué a fouler la pelouse du mythique Croke Park, le bilan est loin d'être négatif avec deux trophées ramenés dans les bagages.
Battus de deux petit points par la France lors du match de poule décisif pour l'accession en finale, les garçons du coach Alexandre Sanmartin dit "Jano" se sont offert le scalp de Chicago puis San Francisco pour remporter le Plate (la consolante) et ainsi monter sur le podium derrière la France et New York.
Les filles non plus ne sont pas revenues les mains vides, et sont même parvenues à "venger" leurs compatriotes masculins en prenant le meilleur d'une courte tête sur leurs homologues françaises en finale du Shield (3-03 à 2-05 soit 12-11).
"L'un des prochains buts que nous devons fixer serait de nous structurer de façon plus "professionnelle", même si en évoquant ce sport, le terme n'est pas adapté, j'entends ça dans le sens d'une entente plus étroite ou carrément de jumelages avec d'autres sports pour toucher d'avantage de pratiquants "locaux", explique encore Alberto Mendez à propos du développement de ce sport en Galice et en Espagne. "Il existe des clubs à Madrid, Barcelone, Séville ou Valence, mais où les joueurs sont encore dans leur immense majorité des expats ou des erasmus, la pérennité n'est donc pas franchement assurée d'une année sur l'autre"
La Galice, qui compte à ce jour quinze formations masculines et dix féminines pour un total de pratiquants évoluant autour de 650, ne peut toutefois pas former sa propre fédération "indépendante" compte tenu des réglements officiels nationaux exigeant une certaine ancienneté ainsi qu'un nombre de clubs minimal de trente. Même si "l'haltérophilie, qui est dans une situation équivalente ne connait pas ce problème" regrette Alberto Mendez.
De façon assez comparable à l'Ecosse ou au Pays de Galles, qui disputent en soccer ou en rugby des compétitions internationales sous leurs couleurs propres et sans pour autant bénéficier (à cette heure....) du statut de pays officiellement reconnus par la communauté internationale, la Galice entends bien, et ce, même dans le cas ou émergerait une séléction nationale espagnole, continuer à être représentée par une équipe distincte, comme le confirme Pedro Villarino,
"C'est une grande fierté pour nous de représenter la Galice à l'occasion de déplacement internationaux, nous sommes une toute petite communauté et dans ces occasions, nous avons réellement le sentiment de jouer pour ceux du pays, c'est toujours très émouvant"
L'un des éléments clés sur lequel jouent les promoteurs du football gaélique dans la région et dans le reste de la péninsule est l'intégration et la fraternité. La jeunesse de ce sport en Espagne, comme en France d'ailleurs, joue pour une part non négligeable dans l'attractivité auprès d'un certain public se détournant de la pratique du sport roi qu'est le football "conventionnel", trouvant dans le foot gaélique une ambiance différente et l'opportunité de progresser rapidement, même sans posséder un niveau conséquent, dans un sport malgré tout rapidement accessible aux novices.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire