Kieran McGeeney |
Ce jour là, la pelouse de Croke Park est repeinte en orange. Des tribunes et des virages descendent les acclamations et les cris de bonheur de milliers de fans d'Armagh. On chante, on danse, on s'étreint. Au moment où Kieran McGeeney soulève la Sam Maguire Cup, les larmes envahissent les visages des joueurs et des supporters.
En ce dimanche de septembre 2002, les rêves brisés des précédentes visites à Croke Park ne sont plus qu'un lointain souvenir évaporé dans l'air de Dublin. Et le fait que Kerry soit le L'adversaire vaincu apporte encore plus de valeur à cette victoire, la première pour Armagh dans une finale de All-Ireland.
En ce dimanche de septembre 2002, les rêves brisés des précédentes visites à Croke Park ne sont plus qu'un lointain souvenir évaporé dans l'air de Dublin. Et le fait que Kerry soit le L'adversaire vaincu apporte encore plus de valeur à cette victoire, la première pour Armagh dans une finale de All-Ireland.
En dépit du fait que des matchs de football fussent disputés sous l'égide de la GAA depuis 1886 et que la board d'Armagh ait été fondé le 24 mars 1889, le développement de ce sport va rencontrer de nombreuses oppositions. À commencer par celle du clergé catholique, pour partie en raison du fait que les matchs soient joués le dimanche, jour du seigneur, mais aussi en raison de la crainte exprimée par l'Église que l'association soit un repère d'activistes républicains.
Des récriminations qui portent, car Armagh se trouve être le coeur religieux historique de l'île et son archevêque le primat d'Irlande puisque le premier d'entre eux ne fut autre que St.Patrick lui même.
Des récriminations qui portent, car Armagh se trouve être le coeur religieux historique de l'île et son archevêque le primat d'Irlande puisque le premier d'entre eux ne fut autre que St.Patrick lui même.
Mgr.Michael Logue |
Le cardinal Logue par exemple, alerte sur l'effet démobilisateur de la GAA, tandis qu'un prêtre d'une paroisse locale fustige en avril 1889 à l'occasion d'une assemblée de la fraternité de la sainte famille à la cathédrale d'Armagh, la chute notable des affluences lors de l'office dominicale en raison de "la pernicieuse habitude de jouer ou d'assister aux rencontres du dimanche".
Ce même prêtre condamne encore l'ivrognerie et les disputes parfois violentes entourant régulièrement ces rendez-vous, poursuivant dans ces termes "le diable avait trouvé refuge parmi ces sociétés secrètes que sont le "fenianism" et le "ribbonism" (des groupes ayant choisi l'option de la violence et de la lutte armée contre le colon britannique), mais après que ces détestables sociétés furent condamnées et mis au ban par l'Église, le diable inventa ce satané jeu du dimanche qui, selon ses plans, provoque tant de dommages.
Il faut reconnaître que ces accusations ne sont pas dénuées de fondements car, après tout, le premier président du board d'Armagh n'était autre que Charles Cowan, chef de la fraternité républicaine irlandaise pour la province d'Ulster et membre du conseil supérieur de l'organisation au niveau national.
Mais si la politique n'était pas détachée du développement récent de la GAA à Armagh, elle ne prenait pas le pas sur l'importance qu'avait acquis le jeu en lui même au sein de la population.
En 1890, Armagh représenté par le club champion du comté, les harps d'Armagh, remporte le deuxième championnat d'Ulster auquel ne participe que les équipes d'Antrim et de Tyrone.
Après avoir aisément pris le dessus sur leurs adversaires en Ulster, les harps se voit désigner comme adversaire le club de Midleton, représentant le comté de Cork en demi-finale du All-Ireland au Clonturk Park de Dublin le 16 novembre 1890. Plus de 250 supporters font le voyage pour aller soutenir les leurs dans la capitale, accompagnés tout au long du voyage par le William O'Brien fife & drum band. Mais le joyeux carnaval prend fin dès les premières minutes de la rencontre, Armagh est balayé 0-0 à 1-14! Non seulement le champion d'Ulster n'inscrit pas le moindre point mais il ne parvient que très épisodiquement à porter le ballon dans la moitié de terrain adverse.
Ce naufrage deviendra d'ailleurs un thème de conversation récurent chez les footballeurs du comté durant plusieurs générations.
Comme dans la plupart des autres comtés, l'activité de la GAA s'effondre dans le courant de la décennie 1890. Et comme dans le reste du pays, les conséquences sur l'association de la chute de Charles Parnell ainsi que les divisions politiques internes pèseront de tout leur poids.
Cette perte d'influence de la GAA résulte aussi de la stagnation économique et de l'impact de l'émigration dans le comté.
Entre 1881 et 1901, Armagh perd 39.391 habitants. Une hémorragie qui touche en premier lieu les jeunes hommes en âge de pratiquer les sports gaéliques.
On assiste alors à une gigantesque régénération par la base et la jeunesse, et il faudra une bonne douzaine d'années et une refondation complète du board pour assister à une véritable renaissance.
Durant cette période de transition, Armagh continue toutefois d'être représenté par une équipe dans les compétitions inter-comtés, et après une défaite en finale en 1901, c'est un deuxième sacre en Ulster l'année suivante. Cette même saison, plus de 400 personnes font le voyage pour Drogheda ou leurs favoris doivent affronter Dublin, championnat du Leinster, en demi-finale du All-Ireland. Une nouvelle fois, Armagh est facilement dominé, et la défaite est attribuée pour une bonne part...à un gazon trop haut, entravant leur jeu de dribble typique et leur style plus calqué sur le soccer. Cette appétence à remonter patiemment le ballon sans systématiquement sauter les lignes semble avoir perduré à Armagh bien plus longtemps que dans la plupart des comtés; l'une des autres caractéristiques du jeu d'Armagh réside dans un style dit du "ballon dansant" et consistant à faire rebondir la balle sur le dessus de la main. Une tradition qui, selon Con Short, historien attiré de la GAA à Armagh se perpétua jusque dans le courant des années 1920.
Les décennies suivantes furent marquées par l'une des plus terribles séries d'échec dans l'histoire de la GAA. En 1950, Armagh comptait douze défaites en finales provinciales (dont huit concédées contre le seul Cavan), et aucun titre à son actif.
Les tensions politiques propres à tout l'Ulster n'épargne pas Armagh. En 1910, le club de Lurgan Davitts est contraint de disputer ses rencontres dans les comtés de Down et Antrim plus au nord (région de Belfast) en raison des risques possibles lors des traversées de zones à risques dans le nord du comté d'Armagh. En octobre de cette même année, le club de Castleblayney Faughs dut essuyer des jets de pierres au retour d'un match aux alentours de la ville de Newtonhamilton.
L'identification de la GAA au mouvement nationaliste est encore plus évidente dans le comté d'Armagh. Frank Aiken, acteur majeur de la guerre d'indépendance et futur membre du gouvernement sous l'étiquette du fianna fáil avait pratiqué le football gaélique avec le club de Camlough et jouira toujours d'une grande popularité dans les cercles de la GAA.
Bien des années plus tard, lorsque le président De Valera avoua à l'ambassadeur britannique en Irlande, sir Andrew Gilchrist, "préférer le rugby au football gaélique, car ce dernier n'étant qu'un agrégat d'autres sports pas d'avantage propres à l'Irlande", M.Aiken y alla de sa tirade "non monsieur l'ambassadeur, le football gaélique n'est pas un agrégat de sports, c'est un jeu vieux de plusieurs siècles et surtout c'est un jeu splendide".
Ce même prêtre condamne encore l'ivrognerie et les disputes parfois violentes entourant régulièrement ces rendez-vous, poursuivant dans ces termes "le diable avait trouvé refuge parmi ces sociétés secrètes que sont le "fenianism" et le "ribbonism" (des groupes ayant choisi l'option de la violence et de la lutte armée contre le colon britannique), mais après que ces détestables sociétés furent condamnées et mis au ban par l'Église, le diable inventa ce satané jeu du dimanche qui, selon ses plans, provoque tant de dommages.
Il faut reconnaître que ces accusations ne sont pas dénuées de fondements car, après tout, le premier président du board d'Armagh n'était autre que Charles Cowan, chef de la fraternité républicaine irlandaise pour la province d'Ulster et membre du conseil supérieur de l'organisation au niveau national.
Mais si la politique n'était pas détachée du développement récent de la GAA à Armagh, elle ne prenait pas le pas sur l'importance qu'avait acquis le jeu en lui même au sein de la population.
En 1890, Armagh représenté par le club champion du comté, les harps d'Armagh, remporte le deuxième championnat d'Ulster auquel ne participe que les équipes d'Antrim et de Tyrone.
Après avoir aisément pris le dessus sur leurs adversaires en Ulster, les harps se voit désigner comme adversaire le club de Midleton, représentant le comté de Cork en demi-finale du All-Ireland au Clonturk Park de Dublin le 16 novembre 1890. Plus de 250 supporters font le voyage pour aller soutenir les leurs dans la capitale, accompagnés tout au long du voyage par le William O'Brien fife & drum band. Mais le joyeux carnaval prend fin dès les premières minutes de la rencontre, Armagh est balayé 0-0 à 1-14! Non seulement le champion d'Ulster n'inscrit pas le moindre point mais il ne parvient que très épisodiquement à porter le ballon dans la moitié de terrain adverse.
Ce naufrage deviendra d'ailleurs un thème de conversation récurent chez les footballeurs du comté durant plusieurs générations.
Comme dans la plupart des autres comtés, l'activité de la GAA s'effondre dans le courant de la décennie 1890. Et comme dans le reste du pays, les conséquences sur l'association de la chute de Charles Parnell ainsi que les divisions politiques internes pèseront de tout leur poids.
Cette perte d'influence de la GAA résulte aussi de la stagnation économique et de l'impact de l'émigration dans le comté.
Entre 1881 et 1901, Armagh perd 39.391 habitants. Une hémorragie qui touche en premier lieu les jeunes hommes en âge de pratiquer les sports gaéliques.
On assiste alors à une gigantesque régénération par la base et la jeunesse, et il faudra une bonne douzaine d'années et une refondation complète du board pour assister à une véritable renaissance.
Durant cette période de transition, Armagh continue toutefois d'être représenté par une équipe dans les compétitions inter-comtés, et après une défaite en finale en 1901, c'est un deuxième sacre en Ulster l'année suivante. Cette même saison, plus de 400 personnes font le voyage pour Drogheda ou leurs favoris doivent affronter Dublin, championnat du Leinster, en demi-finale du All-Ireland. Une nouvelle fois, Armagh est facilement dominé, et la défaite est attribuée pour une bonne part...à un gazon trop haut, entravant leur jeu de dribble typique et leur style plus calqué sur le soccer. Cette appétence à remonter patiemment le ballon sans systématiquement sauter les lignes semble avoir perduré à Armagh bien plus longtemps que dans la plupart des comtés; l'une des autres caractéristiques du jeu d'Armagh réside dans un style dit du "ballon dansant" et consistant à faire rebondir la balle sur le dessus de la main. Une tradition qui, selon Con Short, historien attiré de la GAA à Armagh se perpétua jusque dans le courant des années 1920.
Les décennies suivantes furent marquées par l'une des plus terribles séries d'échec dans l'histoire de la GAA. En 1950, Armagh comptait douze défaites en finales provinciales (dont huit concédées contre le seul Cavan), et aucun titre à son actif.
Les tensions politiques propres à tout l'Ulster n'épargne pas Armagh. En 1910, le club de Lurgan Davitts est contraint de disputer ses rencontres dans les comtés de Down et Antrim plus au nord (région de Belfast) en raison des risques possibles lors des traversées de zones à risques dans le nord du comté d'Armagh. En octobre de cette même année, le club de Castleblayney Faughs dut essuyer des jets de pierres au retour d'un match aux alentours de la ville de Newtonhamilton.
L'identification de la GAA au mouvement nationaliste est encore plus évidente dans le comté d'Armagh. Frank Aiken, acteur majeur de la guerre d'indépendance et futur membre du gouvernement sous l'étiquette du fianna fáil avait pratiqué le football gaélique avec le club de Camlough et jouira toujours d'une grande popularité dans les cercles de la GAA.
Bien des années plus tard, lorsque le président De Valera avoua à l'ambassadeur britannique en Irlande, sir Andrew Gilchrist, "préférer le rugby au football gaélique, car ce dernier n'étant qu'un agrégat d'autres sports pas d'avantage propres à l'Irlande", M.Aiken y alla de sa tirade "non monsieur l'ambassadeur, le football gaélique n'est pas un agrégat de sports, c'est un jeu vieux de plusieurs siècles et surtout c'est un jeu splendide".
L'instauration après le traité anglo-irlandais de 1922 de la frontière entre l'état libre (puis la république à partir de 1948) et l'Irlande du Nord provoquera de nombreux désordres dans l'organisation des matchs et des compétitions pour certains clubs du sud du comté, et notamment pour le plus fameux d'entre eux , Crossmaglen Rangers dont l'arrière pays naturel courrait jusqu'à Dundalk ou Castleblayney (comté de Louth en république d'Irlande). L'établissement d'une sorte de zone tampon frontalière rendait les déplacements dans ces zones plus contraignants.
Les conséquences furent un déclin économique du comté, menant à une nouvelle vague d'émigration et une nouvelle chute drastique du nombre de clubs affiliés à la GAA. Des sociétés autrefois prospères comme la McConville mill and Bakery durent aussi mettre la clef sous la porte. En dépit de cette conjoncture défavorable, les Crossmaglen Rangers enregistreront des succès notables, remportant 5 titres consécutifs de champion du comté dans les années 1920. Un autre club tire son épingle du jeu, Armagh young irelands, qui interrompt l'hégémonie des rangers en remportant 5 titres en sept ans et en fournissant l'une des plus grandes vedettes de cette période, "big" Jim McCullough. Ce dernier remportera au total 7 titres de champion d'Armagh et représentera l'Ulster durant plus d'une décennie dans la défunte railway cup (compétition inter-province) dans les années 1940.
Durant la fameuse série de défaite, celle concédée en 1938 reste probablement comme la pire de toutes. Après avoir pris le meilleur sur sa bête noir, Cavan, en demi-finale du championnat d'Ulster, Armagh s'incline de trois points en finale contre Monaghan et l'arbitre, M Hughie O'Reilly, lui même joueur de...Cavan doit fuir le stade sous escorte.
Le comté enregistra toutefois un premier succès au niveau national puisque le St.Patrick's College d'Armagh remporta la Hogan Cup (compétition inter-lycées de référence) en 1946 aux dépends de St.Jarlath's (lycée de Galway).
En 1948, les juniors s'inclinent d'une courte tête en finale du All-Ireland de la catégorie face à Dublin. L'année suivante, les minors parviennent eux à décrocher la timbale en battant Kerry en finale. Le fait marquant de la partie fut le but somptueux inscrit par le capitaine Seán Blayney, slalomant dans la défense adverse depuis le milieu de terrain pour décrocher un tir de près de 20 mètres. Cette victoire fit incontestablement passer un cap décisif au comté tout entier et se répercutera jusqu'au niveau senior.
Plus de 30.000 personnes assistent en 1950 à la victoire de 4 points
d'une jeune équipe d'Armagh sur un Cavan pourtant au fait de sa gloire. Un match somptueux qui fait dire au journal l'Anglo-Celt que "si le football gaélique était toujours pratiqué de cette façon, aucun autre sport collectif au monde ne pourrait lui arriver à la cheville" .
Les espoirs nés de cette belle campagne en Ulster sont pourtant bientôt douchés, car Armagh vient buter sur une grosse équipe de Mayo en demi-finale du All-Ireland.
Il faudra trois ans pour digérer pleinement cet échec et retrouver Croke Park après un nouveau titre en Ulster.
Armagh retrouve Kerry en finale de ce All-Ireland 1953 (vidéo ci dessus), et ils sont plus de 86.000 à s'être massés dans l'enceinte de St.Jone's road, tandis que 3.000 autres doivent rester à l'extérieur de stade et suivre la rencontre grâce aux commentaires radio de Michael O'Hehir. Mais Kerry s'impose de peu et laisse Armagh à ses regrets.
Les désillusions seront légions dans les années qui suivirent et la décennie 1960 fut marquée par des luttes intestines et contre productives entre clubs. La décennie 1970 et au delà verra le comté frappé de plein fouet par les troubles qui secouent la province. Les répercussions sur le bon fonctionnement de la GAA à Armagh sont inévitables et l'un des faits majeurs de cette période reste la réquisition du terrain des Crossmaglen Rangers, utilisé comme air d'atterrissage pour les hélicoptères de la royal air force. Cet épisode devint un parfait symbole de la militarisation du quotidien des habitants. On entend aussi le surnom de "bandit county" (un terme datant de 1975) donné au sud du comté par la secrétaire d'état britannique à l'Irlande du Nord, Merlyn Rees, cette dernière dénonçant cette zone comme un bastion de l'IRA.
Sur un plan purement footballistique, le fond du trou est probablement touché lorsqu'en 1973, Armagh arrive à Carrick-on-Shannon pour y affronter Leitrim avec...quatorze joueurs, dont deux gardiens.
Les quatre années qui suivent verront la mise en place d'un véritable projet de restructuration ayant pour but affiché d'atteindre de nouveau la finale du All-Ireland.
Si la fin des années 1970 reste dans l'esprit de chacun comme une ère de domination de Dublin et Kerry, la qualification d'Armagh pour la finale 1977 après un cinquième titre de champion d'Ulster reste un triomphe de la détermination, même si il s'achève sur une défaite nette contre le grand Dublin de coach Heffernan (3-06 à 5-12).
Crossmaglen compte également 10 titres de champion d'Ulster des clubs.
Si le club de Clan Na Gael, basé à Lurgan, avait été le premier d'Armagh a disputer une finale de All-Ireland (perdue en replay contre UCD-Dublin, les Rangers peuvent eux se targuer d'avoir connu la consécration nationale à six reprises (la dernière en 2012).
Les conséquences furent un déclin économique du comté, menant à une nouvelle vague d'émigration et une nouvelle chute drastique du nombre de clubs affiliés à la GAA. Des sociétés autrefois prospères comme la McConville mill and Bakery durent aussi mettre la clef sous la porte. En dépit de cette conjoncture défavorable, les Crossmaglen Rangers enregistreront des succès notables, remportant 5 titres consécutifs de champion du comté dans les années 1920. Un autre club tire son épingle du jeu, Armagh young irelands, qui interrompt l'hégémonie des rangers en remportant 5 titres en sept ans et en fournissant l'une des plus grandes vedettes de cette période, "big" Jim McCullough. Ce dernier remportera au total 7 titres de champion d'Armagh et représentera l'Ulster durant plus d'une décennie dans la défunte railway cup (compétition inter-province) dans les années 1940.
Durant la fameuse série de défaite, celle concédée en 1938 reste probablement comme la pire de toutes. Après avoir pris le meilleur sur sa bête noir, Cavan, en demi-finale du championnat d'Ulster, Armagh s'incline de trois points en finale contre Monaghan et l'arbitre, M Hughie O'Reilly, lui même joueur de...Cavan doit fuir le stade sous escorte.
Le comté enregistra toutefois un premier succès au niveau national puisque le St.Patrick's College d'Armagh remporta la Hogan Cup (compétition inter-lycées de référence) en 1946 aux dépends de St.Jarlath's (lycée de Galway).
En 1948, les juniors s'inclinent d'une courte tête en finale du All-Ireland de la catégorie face à Dublin. L'année suivante, les minors parviennent eux à décrocher la timbale en battant Kerry en finale. Le fait marquant de la partie fut le but somptueux inscrit par le capitaine Seán Blayney, slalomant dans la défense adverse depuis le milieu de terrain pour décrocher un tir de près de 20 mètres. Cette victoire fit incontestablement passer un cap décisif au comté tout entier et se répercutera jusqu'au niveau senior.
Plus de 30.000 personnes assistent en 1950 à la victoire de 4 points
d'une jeune équipe d'Armagh sur un Cavan pourtant au fait de sa gloire. Un match somptueux qui fait dire au journal l'Anglo-Celt que "si le football gaélique était toujours pratiqué de cette façon, aucun autre sport collectif au monde ne pourrait lui arriver à la cheville" .
Les espoirs nés de cette belle campagne en Ulster sont pourtant bientôt douchés, car Armagh vient buter sur une grosse équipe de Mayo en demi-finale du All-Ireland.
Il faudra trois ans pour digérer pleinement cet échec et retrouver Croke Park après un nouveau titre en Ulster.
Armagh retrouve Kerry en finale de ce All-Ireland 1953 (vidéo ci dessus), et ils sont plus de 86.000 à s'être massés dans l'enceinte de St.Jone's road, tandis que 3.000 autres doivent rester à l'extérieur de stade et suivre la rencontre grâce aux commentaires radio de Michael O'Hehir. Mais Kerry s'impose de peu et laisse Armagh à ses regrets.
Les désillusions seront légions dans les années qui suivirent et la décennie 1960 fut marquée par des luttes intestines et contre productives entre clubs. La décennie 1970 et au delà verra le comté frappé de plein fouet par les troubles qui secouent la province. Les répercussions sur le bon fonctionnement de la GAA à Armagh sont inévitables et l'un des faits majeurs de cette période reste la réquisition du terrain des Crossmaglen Rangers, utilisé comme air d'atterrissage pour les hélicoptères de la royal air force. Cet épisode devint un parfait symbole de la militarisation du quotidien des habitants. On entend aussi le surnom de "bandit county" (un terme datant de 1975) donné au sud du comté par la secrétaire d'état britannique à l'Irlande du Nord, Merlyn Rees, cette dernière dénonçant cette zone comme un bastion de l'IRA.
Sur un plan purement footballistique, le fond du trou est probablement touché lorsqu'en 1973, Armagh arrive à Carrick-on-Shannon pour y affronter Leitrim avec...quatorze joueurs, dont deux gardiens.
Les quatre années qui suivent verront la mise en place d'un véritable projet de restructuration ayant pour but affiché d'atteindre de nouveau la finale du All-Ireland.
Si la fin des années 1970 reste dans l'esprit de chacun comme une ère de domination de Dublin et Kerry, la qualification d'Armagh pour la finale 1977 après un cinquième titre de champion d'Ulster reste un triomphe de la détermination, même si il s'achève sur une défaite nette contre le grand Dublin de coach Heffernan (3-06 à 5-12).
Crossmaglen compte également 10 titres de champion d'Ulster des clubs.
Si le club de Clan Na Gael, basé à Lurgan, avait été le premier d'Armagh a disputer une finale de All-Ireland (perdue en replay contre UCD-Dublin, les Rangers peuvent eux se targuer d'avoir connu la consécration nationale à six reprises (la dernière en 2012).
Les Crossmaglen Rangers avant la finale de 2002 |
Érigée sur une large base de cette équipe de Crossmaglen, Armagh bâti une formation qui va dominer l'Ulster durant près d'une décennie, remportant huit titres de champion provincial entre 1999 et 2008; une performance qui prend tout son sens lorsqu'on se souvient que cette ère fut sans doute la plus compétitive dans l'histoire de ce championnat déjà relevé.
Armagh toucha enfin au but en 2002 grâce notamment à une seconde période mémorable lors de cette finale contre Kerry (1-12/0-14). Même si les déceptions succédèrent aux déceptions lors des championships suivants, Armagh parvint tout de même à décrocher le titre en National Football League (la seconde compétition nationale en ordre d'importance) en 2005. les minors eux conquièrent en 2009 leur second sacre en All-Ireland après celui obtenu 60 ans plus tôt tandis que les U21 connaissaient en 2004 leur premier couronnement national en dominant Mayo.
La place d'Armagh comme place forte du football est donc solidement établie, et la fin du conflit dans le comté et la province semble enfin offrir un réel espoir de pérennisation pour ce troisième siècle d'existence, même si la relève de la génération dorée de la glorieuse décennie se fait encore attendre.
La place d'Armagh comme place forte du football est donc solidement établie, et la fin du conflit dans le comté et la province semble enfin offrir un réel espoir de pérennisation pour ce troisième siècle d'existence, même si la relève de la génération dorée de la glorieuse décennie se fait encore attendre.
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