All-Ireland 2018

mercredi 3 septembre 2014

France-Bretagne, la GAA entre développement et question identitaire





Les contributions à ce très modeste blog se faisant plutôt rares, ma politique  de filtrage est plutôt "relax", dans la limite bien sûr d'un minimum de respect et de courtoisie de la part des intervenants.
Ainsi j'ai choisi de publier ce commentaire anonyme , au ton menaçant reçu en début de semaine, car au delà de l'aspect trollesque, il me semblait avoir le mérite de questionner sur la vision de ce sport dans ce qui est clairement sa terre d'élection en France, la Bretagne, sachant que la base du développement fortement local de ce sport est absolument identique dans sa forme en Espagne  (Galice).
N'ayant personnellement aucun lien avec la Bretagne et  connaissant mal l'approche que les bretons qui viennent au gaelic pouvaient avoir de ce sport, j'ai été amené à m'interroger et à interroger plus averti que moi sur l'aspect régionaliste et tradi qui animait nécessairement un certain nombre, sans que cela puisse revêtir un ton péjoratif ou exclusif d'ailleurs.
Et même si ce type de réaction virulente semble être plutôt le fait d'une minorité,  Il ne faut jamais perdre de vue que le facteur identitaire et communautaire est dans l'ADN même de ce sport, et que même si il est intimement lié à l'histoire de l'Irlande et à son rapport conflictuel à l'Angleterre , le fait que certains y projettent un nationalisme breton et un rejet de la France est probablement inévitable.
Vu l'état embryonnaire de l'association en Europe continentale, cela ne pose pas vraiment de problème pour l'instant, mais il s'agit d'un "soucis "inédit dans l'histoire des sports gaéliques, car jusqu'à ce jour, et si son existence hors d'Irlande était presque exclusivement liée aux communautés irlandaises à travers le monde (essentiellement aux states et en grande - Bretagne), on s'aperçoit que même si sa pratique se développe de façon significative hors du contexte celtique (grandes agglomérations), c'est finalement dans ce terreau qu'il plante ses racines (Bretagne et Galice ) en France et en Espagne notamment .
J'ignore quelle est la position de la GAA vis à vis de ce phénomène,  je serais curieux de le savoir d'ailleurs car même si Liam O'Neill (président de la GAA) semble avoir pris conscience du phénomène, les irlandais et l'association athlétique gaélique dans son ensemble  me semble regarder ça de très très loin.
Les questions soulevées par ce développement récent -s 'incarnant d'ailleurs par ce fameux rendez-vous France-Italie de novembre- n'ont pas finies de se posées.
Le football gaélique, au delà de l'aspect purement sportif, porte dans ses gènes et dans son histoire  (parfois tragique ) ce trait culturel lié au nationalisme irlandais, même si la plupart de ces nouveaux pratiquants n'en n'ont que rarement conscience.
Il suffit de constater l'implantation des clubs de GAA en Angleterre et en Amérique du nord -et ce depuis parfois plus d'un siècle- et le fait que ses membres en soient presque  exclusivement issus de la diaspora irlandaise (de fraîche ou de longue date) pour s'en convaincre.
Le football gaélique n'est pas le football US ou le footie australien , d'autre sports étroitement liés à un pays.
On peut ne voir dans ce type de réactions qu'un avatar supplémentaire de particularisme régional exacerbé , mais c'est plus globalement le choix de développement de la GAA dans les décennies à venir qui se pose.
Vers une conquête portée par la mondialisation et le désir d'authenticité de nombreux amateurs de sport, une vertu incarné par un sport amateur et ancestral, ou bien un développement plus axé sur les régions de culture celte?
Les années à venir nous le diront, le débat est posé.

9 commentaires:

  1. Merci pour cet article, la question mérite d’être posée et certaines crispations autour de la participation des Bretons à la sélection France en est l’écho. Il est regrettable que certains projettent leurs idéologies sur un sport car c’est bien de cela dont il s’agit, d’un sport. Le football gaélique est un sport et non une tribune politique. Certes en Irlande les choses sont différentes et la GAA est liée à l’histoire Irlandaise mais le football gaélique est un sport Irlandais (et non un sport celtique) donc rien n’autorise les Bretons à être plus légitime qu’un autre peuple pour pratiquer ce sport. Que les Bretons soient plus nombreux à pratiquer le sport de « leurs cousins Irlandais » est bien compréhensible mais en aucune manière ça ne les autorisent à politiser ce sport. Il y a bien assez de partis politiques bretons pour ceux qui veulent s’engager politiquement.
    J’ajoute que l’on peut très bien être un sympathisant ou un militant de la cause bretonne sans voir la France comme un ennemi. Il est regrettable que certains utilisent – par facilité - le sport comme une tribune politique pour leurs idées alors qu’ils feraient mieux d’agir sur le terrain de la politique ou de la société civile. Cette idée est très bien exprimée par Noam Chomsky dans son livre « Comprendre le Pouvoir » dont voici un extrait :« Vous êtes formés à obéir ; vous n’avez pas un travail intéressant ; il n’y a pas de possibilité de travail créatif pour vous ; dans l’environnement culturel, vous êtes un observateur passif de trucs qui sont habituellement d’assez mauvais goût ; la vie politique et la vie sociale sont hors de votre portée, elles sont aux mains des gens riches. Alors que reste-t-il ? Eh bien ! Ce qui reste, c’est le sport : donc vous mettez là beaucoup d’intelligence, de réflexion et d’assurance » (in Noam Chomsky, « Sports de spectacle », Comprendre le pouvoir, Montréal, Lux Éditeur, 2008, p. 166.)

    Bevet Breizh
    A galon

    Pour information, on peut trouver un bel exemple de la polémique engendrée par cette histoire de sélection sur la page Facebook de la ligue bretonne dans les commentaires liées au match qui a opposé la Bretagne à Jersey. https://www.facebook.com/brittany.gaa

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  2. Le football gaélique se développe bien en Bretagne, comme en Galice, parce-que c'est justement la Bretagne ou la Galice. Et non la France ou l'Espagne. C'est peut-être ce côté anti-conformiste de ce sport qui plaît si bien aux esprits celtes. Donc ça cartonne en Bretagne. Mais pas en France. Pas plus que dans les autres pays extérieurs à l'Irlande en tout cas (sauf Bretagne et Galice donc). En Bretagne, ce sont les bretons eux-mêmes qui jouent (comme en Galice). Et non pas des expatriés irlandais comme c'est le cas en France. L''équipe de Bretagne est une équipe composée uniquement de joueurs bretons. Pas un seul expat' irlandais. Puisque le football gaélique français n'est pas extraordinaire, la création de l'équipe de France se fait en puisant dans le pool de joueurs bretons. C'est une équipe artificielle, sans base véritable, "hors-sol" en quelque sorte. Une équipe qui se fait au détriment d'une autre, c'est à dire au détriment de l'équipe de Bretagne. Ce n'est pas très sportif tout ça, admettez! Il y a là pour les bretons de quoi s'énerver, n'est-ce pas! Alors, laissons à la Bretagne son football gaélique. Et à la France de prouver qu'elle sait développer son foot gaélique sur son propre territoire (hors Bretagne donc), avec des joueurs français, qui formeront une équipe vraiment française. Et sans tricher!

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  3. A partir du moment où l'on parle d'équipe nationale, il y a bien évidemment une dimension politique, dire l'inverse est totalement hypocrite.

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  4. A mon avis c'est plus à la Ligue Bretonne de Football Gaélique d'avoir un avis clair sur la question et non pas aux joueurs. Il est évident que pour la majorité de ces derniers, l'aspect sportif prédominera sur tout le reste et que la majorité répondrait positivement à n'importe qu'elle sélection (Bretagne, France, Europe et puis on peut tout imaginer Département, Arc Atlantique,...). C'est un peu facile d'incriminer les joueurs alors que les réponses doivent être données par les institutions (elles servent à cela non ?) : la Ligue Bretonne, la Fédération Française voire même l'ECB.

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  5. Prenez le temps, par respect, de prendre au moins un pseudo avant de publier.
    Ceci était le dernier commentaire anonyme publié sur ce blog, merci

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  6. Bonjour,
    Mon avis sur le sujet est le suivant : Je pense que de part la culture du football gaélique, la Bretagne et autres "pays" culturelles peuvent se permettent de se détacher de leur identité nationale pour valoriser leur culture. Moi-même je suis breton et je vois cela comme une sorte de fierté sans pour autant rejeter mon identité française (le nombre d'indépendantiste en Bretagne est moindre aujourd'hui). Bref pour ma part le coté politique de l'affaire n'as pas lieu d'être car ce n'est pas un Emblème d'indépendance etc... et il faudrait modifier la culture de ce sport.. bizarre quand même ! Après je serais aussi content d'avoir une équipe nationale mais pour une fois qu'on pouvait représenter notre région qui posséde une identité très forte.
    Dites-moi si je délire ou non, car je ne suis pas au cœur du débat, je peux me tromper.

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  7. Je me permets de réagir sur ce blog que je découvre (merci Nico) car je ne me sent ni en phase avec le commentaire anonyme (no brets in France) ni avec ta conclusion comme quoi le débat se situe entre deux lignes de « conquêtes », les deux pouvant peut être coexister et sont propres à la culture de chacun. Et que j'avais envie de dire des gros mots aussi... Je rappelle soit dit en passant ce qui fait qu'un homme ou une femme soit breton(ne) (et je pense être suivi par la majorité dans cette définition) c'est uniquement qu'elle ou il a le sentiment de l'être. (aucun lien de sang ou du sol histoire d'être sûr de ne pas être récupérer par du faf en manque de tribune).
    Le football gaélique est construit , entre autres, selon les règles du hurling qui a été importé par les tribus celtes qui se sont installés sur l'île (de ce que j'ai compris, après est-ce que je joue au foot gaélique parce que je me sent celte....pas vraiment en fait). C'est un sport irlandais avec des origines celtes et il s'est surtout construit en opposition au football anglais (ça dèjà ça me parle un peu plus...). Il a ensuite en effet pris une place particulière lié aux événements tragiques du bloody Sunday. Normal qu'il trouve un écho en Bretagne- notamment dans la classe de ces bretonnants hippies anars dont je fais parti- nous ne sommes pas plus légitimes le sport n'appartient qu'à ceux qui le pratiquent mais ce n'est pas vraiment la question. Le débat c'est bien : les joueurs bretons ont ils quelque chose à faire dans l'équipe de France ? Je suis un renégat ^^ ! un breton vivant ma culture autant que possible et qui joue pour son pays d'adoption: le Trégor et ses deux nations la Bretagne et la France. Si je suis assez d'accord pour dire qu'utiliser le foot gaélique comme tribune politique est décalé, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire de politique (premier gros mot!), le sport en est rempli ! La compétition, la mixité ou la non mixité, l'équipe nationale, l'arbitrage, la représentation, l'organisation... ce sont des orientations politiques plus ou moins réfléchies. On a tendance à ne voir la politique que quand le message est subversif (big gros mot).

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  8. .. Par contre on ne peut pas se comporter face à la fédé française de la même façon que l'on réagirait face à l'état. Nous sommes dans un espace différent tant bien même les termes du débat pourraient y être identiques. Nous sommes dans un espace privilégié, un espace de liberté où il n'appartient qu'à chacun de pousser les mûrs. Que cela soit la ligue bretonne ou la fédé française, il me semble qu'on peut tout se dire ou presque, il suffit de frapper à la porte. Après pour ce qui est d'être entendu...des fois ça peut prendre du temps.
    Je ne me sent pas dans un rôle de « collabo » quand j'accepte de jouer pour l'équipe de France. Je vis ma double nationalité, je pense que c'est positif de m'annoncer comme un être multiple-que c'est plutôt bien accepté par le quidam, cela ne réduit en rien mon identité bretonne. Et pour tout vous dire : les deux hymnes me filent des boutons.
    Peut être, en fait que le terme d'équipe franco-bretonne aurait été plus adaptée... pour certains. Mais à priori le contexte toulousain (où va se jouer le match)n'y comprendrait pas grand chose
    Toutes les sensibilités peuvent être exprimer mais se comporter comme si nous étions face à des décideurs oppressifs (gros mot) est juste la meilleure façon de cristalliser la situation et de diviser les 600 licenciés qui composent ce sport en Bretagne et en France (on est juste assez pour bien se prendre la tête ^^). Il serait peut être préférable de rester dans le travail de communication initié par les acteurs de la ligue bretonne ces dernières années. En Bretagne comme en France nous sommes en développement et les événements créés de chaque coté sont positifs pour l'autre. Ce sport est encore hésitant, les exemples de Saint Malo qui a arrêté la pratique de ce sport, de Nantes, Brest, Quimper et nous dans le Trégor qui subsistons grâce à des noyaux de personnes particulièrement motivées montrent que nous ne pouvons pas nous permettre de nous tirer dans les pattes.

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  9. Beaucoup de choses se disent : comme quoi la fédé aurait refusé d'organiser un match France Bretagne pour ses dix ans ( ceux là ont eu peur evel just ^^). Que la question de l'équipe nationale bretonne a été actée par l'ECB malgré l'opposition énergique de certains clubs français. Des faits qui ,s'ils sont avérés , peuvent expliquer certaines tensions. Ne les exacerbons pas et continuons à exprimer notre volonté d'indépendance (gros mot!), continuons de faire vivre le championnat breton et son équipe nationale, communiquons cette sensibilité propre à notre culture mais évitons de trop se prendre au sérieux dans le cadre du foot gaélique. Au contraire forçons le trait, moquons nous un peu de nous même sans être grotesque (et sans pour autant lâcher du lest) notre message sera peut être plus audible : ça n'est qu'un jeu !. Pour beaucoup ce genre de débat peut paraître disproportionné et il l'est pour l'instant mais on ne sait pas comment le sport va évoluer dans les années à venir. Nous serons peut être confrontés à une volonté d'harmonisation que certains verront comme de l'assimilation (ouh ! Le gros mot!) (je pense notamment aux agréments qui ne pourraient pas reconnaître une ligue bretonne indépendante). Ces questions sont importantes et assez complexes car nous pouvons vite nous retrouver face à des intérêts divergents (ou tout du moins s'en persuader). C'est dans l'échange que nous trouverons (ou pas) les réponses les plus adaptées. C'est en continuant à être aussi dynamique dans nos clubs respectifs et au sein de la ligue que nous pourrons discuter de ces questions de façon intéressante.
    Ce texte comporte peut être des approximations et ne saurait représenter que ma petite personne. Pour ce qui est de la position du nouveau bureau de la ligue bretonne il serait peut être judicieux de faire remonter la position des joueurs de chaque club pour les représenter.
    Vive le sport à bas le score, bevet breizh dieub, vive le football gaélique.

    Gaéliquement,

    Julien Le Dem

    PS :
    Les analyses d'intellos aussi intéressantes soient elles ne sont pas toujours transposables. La critique de Noam Chomsky sur l'abrutissement de masse ou le dernier refuge intellectuel des masses populaires (oulalala encore des gros mots!) me semble un peu loin de la situation du foot gaélique en Bretagne. C'est peut être même prendre le problème à l'envers. Les acteurs que je côtoie sur les terrains et autour ne m'ont pas l'air de trouver refuge dans le foot gaélique, au contraire il me semble qu'ils trouvent là un espace intéressant et cohérent avec leur fonction ou leur engagement dans la société civile (proximité,organisation,respect, développement et échanges culturels, etc...,pas le sport spectacle que décrit Chomsky). S'il n'y a que le sport dans ta vie c'est que tu passes à coté mais si tu trouves dans une activité des éléments d'épanouissement pour ton parcours personnel c'est plutôt positif Mais bon ça n'est que mon analyse.

    PS2 : J'ai fait une demande informelle dans le cadre de l'équipe de France d'organiser l 'année prochaine une rencontre internationale Bretagne-France. Une occasion, si elle se confirme, de continuer à échanger sur le particularisme culturel du football gaélique breton (je finis sur un très gros mot).

    PS3 : Je n'ai vu aucune communication relative au match Bretagne Fédéral qui a été joué pour aider les sélectionneurs à faire leur choix, je rappelle juste que l'équipe de Bretagne a remporté ce très beau match. Voilà c'est gratuit ça fait plaisir ^^.

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